Les cheminements poétiques de Pierre Silvain dans "Julien Letrouvé colporteur"
Beau récit qui a pour cadre la fin du 18e siècle. On chemine, sans trop savoir dans quelle direction, aux côtés d'un jeune homme, colporteur, Julien Letrouvé, dont on apprendra au fil
des pages qu'il est un enfant "trouvé", élevé par une communauté de femmes... Analphabète, il nourrit néammoins une grande dévotion pour les livres :
"Les lettres vivaient, leur déchiffrement lui en demeurait interdit, mais il en
recevait une sorte d'injonction à accomplir le destin auquel il était appelé. Il avait su à cet instant que comme le vieux Matthias il serait colporteur. Il quitterait le hameau, et comme lui
courrait sans repos les chemins avec une boîte."
On chemine à ses côtés, tout contre lui, enfant, dans l'écreigne* où les femmes se réunissent pour filer la laine et écouter les histoires que leur lisent l'une d'entre elle, une
ogresse dévoreuse de livres. Il grandit et part s'approvisionner en livres, à Troyes, chez le libraire et imprimeur Garnier. Sur sa route, bientôt, il va croiser
un déserteur de l'armée prussienne, qui deviendra son ami...
J'ai bien aimé ce livre, dans lequel l'auteur accorde une grande importance à la nature, à l'enfance, aux mots qui nous alimentent... Différentes thématiques se croisent et se
téléscopent : le colportage, la guerre et ses désolations, la France juste avant la révolution, la douceur de certains souvenirs... Parfois, le récit est un peu déroutant. A l'instar
du personnage principal, on chemine sans connaître le bout du chemin.
Mais les chemins qu'empruntent Pierre Sylvain sont intéressants pour qui souhaite s'y aventurer...
Liens :
éditions Verdier (résumé + nombreuses critiques du livre toutes plus belles les une que les autres
encres vagabondes
Terres de femmes
*écreigne : j'ai cherché la définition de ce mot... dans mon petit robert chéri mais sans succès. Peu importe, Pierre Silvain utilise ce mot pour évoquer une sorte de cave sous
terre, des troglodytes...