"La femme de l'Allemand" de Marie Sizun, un récit poignant

Dans ce roman, Marie Sizun raconte l'histoire de Marion, fille de Fanny et d'un Allemand que sa mère a aimé lors de la seconde guerre. D'emblée, on est happé par cette histoire, racontée à la seconde personne du singulier et rythmée par de courts chapitres. Une des forces de ce récit tient dans le fait que nous sommes impliqués directement en tant que lecteur dans cette histoire :
"Elle était malade, comme dirait pudiquement la famille, ses parents, sa tante. Comme diraient les gens. Tu l'entendrais souvent, cette drôle d'expression. Etrange maladie, en vérité, qui allait et venait, disparaissait, reparaissait, avait ses sommets et ses rémissions..."
Et ce livre est le récit de cette relation faite d'amour, difficile, ténue entre cette mère et cette fille, qui grandit entre admiration et répulsion pour sa mère. Le père, absent et pourtant si présent, obsède la fille et ruine la santé mentale de la mère. Fanny est nerveusement malade et sa fille le comprend peu à peu, avec effroi et culpabilité. Malgré cette mère, Marion se construit, par l'école, puis le lycée, des lieux où n'existe plus sa mère, des lieux d'où elle peut s'évader de l'amour de sa mère...
Très beau récit, poignant et direct. L'auteur écrit juste, à tel point que l'on se demande si ce récit n'est pas autobiographique tellement le texte est fort. Quand j'ai appris que son auteur avait attendu d'être en retraite pour écrire, cela ne m'a pas étonnée. Comme si elle avait retenu les flots des mots longtemps avant de pouvoir les libérer.... Son livre est fort, vivifiant, impétueux comme un long fleuve, mais ce n'est pas un long fleuve tranquille !
Editions Arléa : page consacrée à Marie Sizun
Flo a aimé ce livre aussi : ici ! Clarabel aussi évidemment ! et Joelle a même rencontré l'auteur et relate cette rencontre ici... Autre blog : celui de Henri Kaufman.
Ce livre fait aussi partie de la sélection du prix littéraire inter CE CEZAM.