Ne vendez pas « La peau de l’ours » avant de l’avoir lu !

Publié le par Flora

La peau de l’ours est un album où deux histoires s’entrelacent pour n’en faire qu’une. Mais c’est surtout la trajectoire du personnage principal qui est passionnante. Entremêlant son  conte à la série noire, Zidrou régale par des réparties superbes, parsemées tout au long de l’album.

« En amour, il n’y a pas de date de péremption. Il n’est jamais trop tard pour tomber amoureux »

La peau de l'oursEvidemment, en observant la couverture, on devine qu’il sera question de gangsters, faisant joujou avec leurs flingues.

L’histoire débute en trompe l’œil : un adolescent, Amadéo, se rend tous les jours chez Don Palermo, un vieux monsieur habitant une villa avec vue sur la mer sur l’île de Lipari, pour lui lire l’horoscope, sa lecture préférée. Amadéo, intrigué par ce vieil homme qui espère un signe du destin, l’écoute raconter l’histoire de sa vie. Les souvenirs, chargés de fièvre et de sang, remontent à la surface des pages…

« Tiens ! si je te disais que je n’avais pas ton âge quand une fille m’a mis le cœur à l’envers pour la première fois… Mais je ne vais pas t’embêter avec mes histoires d’ancien combattant des plumards »

Et quels souvenirs !  Dans les années trente, aux Etats-Unis, un enfant de la balle, Teofilio Don Palermo, grandit aux côtés d’un ours, surnommé Roosevelt. Leur route croise celle de  Don Pomodoro, ignoble mafieux enfant de boucher. Lorsque ce dernier abat l’ours, rien ne sera plus pareil. Pourtant, entre les deux hommes, un lien se crée, trouble et équivoque, fondé sur la vengeance mais aussi sur la lâcheté. La peau de l’ours sera tannée et Teofilio la revêt parfois, ce qui n’est pas sans évoquer Peau d’âne. En vivant quotidiennement avec Don Pomodoro, il enterre sa haine et ses ressentiments…

« A l’époque, je me demandais souvent : à quoi peuvent donc rêver les hommes comme Don Pomodoro ? Aujourd’hui je sais : comme tous les hommes, les hommes mauvais rêvent de leur jeunesse ».

Les scènes de meurtres,  plutôt brutales –on est entre mafiosos-, côtoient les scènes sentimentales car Teofilio rencontre Mietta, la petite fille de son patron. Dans une salle de bain, elle lui lit Steinbeck et il tombe sous le charme. …

Au fil des pages, Zidrou sème dans son récit des ramifications parfois hasardeuses, mais toujours heureuses. Et le scénario empile quelques perles…

« - Vous avez arrêté de voir Mietta durant la nuit ?

- T’arrêtes de respirer parce que quelqu’un a pété, toi ? »

Adossés au scénario, les dessins d’Oriol sont particuliers, originaux, bien cadrés. Les méchants ont des nez gigantesques, comme dans Pinocchio. L’histoire  évoque les films de Coppola, le Parrain notamment même si les univers sont diamétralement opposés. Cet album a le mérite de nous tenir en haleine jusqu’au bout, mais sans qu’il y ait un suspense exacerbé. Et le scénario, amusant et plaisant, a le don d’accrocher tout en douceur le lecteur. Un bel album, dont les mots résonnent longtemps en nous.

 « Ecrivain ! Voilà bien un métier de lâche ! C’était ça ou vendre des billets de loterie. Alors tant qu’à vendre un peu de rêve aux gens… »

La peau de l’ours, Oriol, Zidrou, Dargaud, collection Long courrier, 64 pages 

Ici, une interview de Zidrou, sur ses albums à venir en 2013, ça promet de futures belles chroniques !

Publié dans L'attrape-BD

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