"De la supériorité des femmes..."
En naviguant (il y a un moment) sur le blog d'Aymeric Patricot, j'avais lu un
extrait du dernier livre d'Alexandre Lacroix : "De la supériorité des femmes". A l'époque, j'avais trouvé le passage plutôt intéressant mais j'avais zappé le
nom de l'auteur ainsi que le titre, pourtant provocateur ! Et, un peu par hasard, en butinant les nouveautés de la bibliothèque, je re-découvre Alexandre Lacroix. Avant de
vous livrer mon analyse de son texte, je ne résiste pas à l'envie de citer ce fameux passage qui m'avait interpellée :
"Il y a un côté commercial dans l'amour. L'acte sexuel ressemble à une négociation. Le but ? Atteindre un record qui ne lève aucune des deux parties. D'ailleurs,
cette dimension se révèle progressivement. Les accords tarifaires arrivent assez tard dans l'évolution d'un couple. Si je te suce, tu vas en faire autant. Si tu te prêtes au 69 - que tu
n'apprécies pas -, tu pourras en échange me griffer. Si tu jouis la première, tu me laisses finir quand même. Si je te lèche les orteils, tu m'autorises à te fourrer trois doigts dans la chatte.
Si tu avales mon sperme, je te ferai ensuite un long câlin immobile et tendre. Chaque couple aguerri possède ses conventions tacites, son jeu subtil de poids et de mesures."
(p79)
"De la supériorité des femmes" est le récit d'une irrémédiable rupture mais avant de rompre, Alexandre, le narrateur tente de reconquérir sa femme, Mathilde... Beaucoup de
détails m'ont amusée dans ce récit que je trouve très contemporain. Tout d'abord, le narrateur a le même prénom que l'auteur, Alexandre, même si au départ on le confond avec un certain
Stéphane. Et on a du mal à ne pas penser que cet homme qui parle, qui semble souffrir, qui décrit ses rencontres féminines, plutôt sensuelles, sexuelles et variées, n'est pas
l'auteur lui-même. Il en joue d'ailleurs, avec beaucoup d'humour (mais difficile de n'être pas dupe) :
"Je m'aperçois que, jusqu'ici, je ne me suis pas décrit. Par égard envers le lecteur, pour lui faciliter son travail d'identification. Si j'avais
annoncé tout de suite la couleur, si j'avais dit combien fascinante est ma beauté, intenses mes yeux bleus(...), romantique mon teint pâle, désharmant et irrésistible mon sourire,
saines et chevalines mes éclatantes incisives, bref, si j'avias commencé par énoncer quelques vérités déplaisantes me concernant, j'aurais encouru le risque d'en dégoûter plus d'un.
"Pouah !" vous seriez-vous exclamé. Encore cette littérature française narcissique et sans imagination. J'ai donc ménagé votre susceptibilité et attendu le moment propice pour vous dire de quel
merveilleux physique je suis pourvu. Apollon en pâtirait à côté". (p. 181)
(Evidemment, comme la photo figure sur la couverture !)
La construction du roman est amusante :
chaque chapitre correspond à un jour, et l'ensemble va à rebours... Un peu comme un journal intime, un peu narcissique d'ailleurs. De sexe, il est un peu,
beaucoup, question mais si certains passages sont crus, cela ne m'a pas semblé ni gratuit ni voyeur... J'ai juste trouvé qu'Alexandre Lacroix surfait
intelligemment sur l'air du temps. Je me suis retrouvé dans pas mal de questionnements, sur le couple, sur l'amour, sur la durée de vie des sentiments, sur les enfants... Globalement, plutôt
intéressant mais pas transcendant !
Site d'Alexandre Lacroix